A une époque où le marketing est devenu plus important que le contenu et où nombre de chansons sont écrites et produites selon une formule toute faite, Colbie Caillat propose une agréable bouffée d’air frais. De nos jours, on peut dire qu’il y a deux sortes de disques. Il y a d’une part, ceux qui ne recèlent qu’un ou deux bons morceaux – la grande majorité - que l’on télécharge vite sur son ordinateur de façon à ne plus jamais entendre tous les autres, et d’autre part, et ceux-là sont malheureusement bien plus rares, les disques qui peuvent s’écouter sans crainte de bout en bout. Quand on pense aux petits bijoux que nous concoctaient Carole King ou Joni Mitchell... Heureusement, il reste encore quelques artistes pour perpétuer cette tradition, comme notamment Norah Jones, Jack Johnson – et désormais Colbie Caillat.
"Dans un disque comme Rumours de Fleetwood Mac, il n’y a pas un seule chanson de trop," confie Colbie. "Si jamais on essayait d’en enlever ne serait-ce qu’une seule, on risquerait de compromettre l’équilibre du disque. Je voulais réaliser un album qui soit de la même espèce. Je ne supporterai pas de mettre mon nom sur un disque avec juste quelques bons titres accompagnés d’autres qui feraient office de remplissage."
Cette référence à Fleetwood Mac est révélatrice. Colbie a grandi dans l’idyllique Malibu, en Californie, entourée de musique. Son père, Ken Caillat, a co-produit les albums "Rumours" et "Tusk" de Fleetwood Mac, avant de diriger son propre label de disques. Elle se souvient que Mick Fleetwood et John McVie étaient souvent dans les parages lorsqu’elle était enfant. "J’ai, bien entendu, appris plein de choses d’eux. Il aurait été idiot de ma part de ne pas en profiter," dit-elle. Néanmoins, Colbie a sa personnalité bien à elle.
Dès l’âge de 11 ans, après avoir entendu la chanson Killing Me Softly interprétée par Lauryn Hill, Colbie se met sérieusement au chant. "Je trouve qu’elle a une voix absolument magnifique et elle m’a donnée envie de chanter. J’ai participé à un concours de jeunes talents, où j’ai bien entendu interprété une chanson de Lauryn Hill". Un peu plus tard en grandissant, elle écoute l’un des conseils de son père qui lui explique qu’être une bonne chanteuse ne suffit pas et que ceux qui sont vraiment respectés dans ce métier sont les auteurs-compositeurs. "J’y ai longtemps réfléchi", dit-elle.
En fait, il lui faudra un certain temps avant qu’elle ne se mette à écrire, mais après s’être lancée une première fois, c’est comme si des vannes s’étaient ouvertes. "Il fallait que je joue d’un instrument pour écrire des chansons, et même si j’avais pris des cours de piano enfant, je n’avais jamais vraiment beaucoup progressé parce que je n’étais pas dans l’état d’esprit qu’il fallait," se souvient Colbie. Ce n’est donc que vers 19 ans – il y a à peine un peu plus de deux ans – qu’elle a finit par se mettre à la guitare acoustique. "J’ai écrit ma première chanson après ma première leçon de guitare et après tout m’est venu naturellement," poursuit-elle. "Lorsqu’il y a quelque chose qui me tracasse, je le garde pour moi, parce que c’est dans ma nature, mais je l’exprime ensuite dans les chansons. Les choses s’accumulent en moi et ensuite je suis capable d’écrire trois chansons en un seul week-end. C’est comme un soulagement. Je ne choisis pas à propos de quoi je vais écrire, c’est en moi tout simplement."
Entre temps, Colbie s’entoure de deux collaborateurs : Mikal Blue, qui avait fait appel à elle lorsqu’elle avait 15 ans pour qu’elle interprète quelques chansons qu’il avait composé pour un défilé de mode, et l’auteur-compositeur-interprète Jason Reeves. Ensemble ils ont contribué à la composition des chansons de "Coco", qui a été produit par Mikal Blue.
"C’est toujours moi qui suis à l’origine des chansons," explique la jeune femme à propos de son mode de collaboration. "Parfois lorsque je traîne à la maison, une idée me vient et je me mets à écrire. Mais si jamais je suis coincée, je sais que peux faire appel à Mikal ou Jason. Le fait d’être entourée de gens en qui j’ai confiance et qui sont capables de rebondir sur des idées, permet de rester dans une bonne dynamique de création."
Après avoir finalisé une poignée de chansons, Colbie décide d’en déposer quelques-unes sur MySpace, sans vraiment espérer quoi que ce soit. "Pendant les premiers mois, il ne s’est pas passé grand chose," confie-t’elle. "Puis j’ai écrit ‘Bubbly’ et je l’ai aussi mis sur MySpace et là d’un coup j’ai eu des réactions très fortes. Ma chanson était écoutée des milliers de fois par jour."
Colbie Caillat finit pas se retrouver en tête du classement des artistes non signés sur MySpace pendant quatre mois consécutifs, totalisant le score incroyable de 10 millions d’écoute. Les maisons de disques commencent à s’intéresser à elle. Colbie décide de signer avec Universal Republic parce que, dit-elle, ils lui ont laissé une liberté de création totale. "Ce qui est génial avec MySpace, c’est que l’on peut se constituer une bonne base fans et les maisons de disques peuvent alors difficilement essayer de vous pousser à faire autre chose puisqu’on a déjà fait ses preuves".
Pourquoi une chanson comme Bubbly a-t’elle touché tant de gens, Colbie ne sait pas exactement. "J’imagine que c’est la simplicité des paroles et de la mélodie," explique la jeune femme. "C’est une chanson qui a été faite pour que les gens se sentent bien en l’écoutant et qui touche tout le monde". "Coco" – un surnom qu’on lui donnait lorsqu’elle était plus petite – est truffé de chansons similaires qui procurent une sensation de réconfort et qui puisent dans une myriade d’influences. "J’aime toutes sortes de musiques et elles m’ont toutes influencées," confie Colbie. "Du rock classique, comme Fleetwood Mac et le Steve Miller Band, à la soul de Marvin Gaye et Stevie Wonder, en passant par Lauryn Hill, Bob Marley et le reggae, John Mayer… Toutes les musiques qui nous font du bien."
De Bubbly et Oxygen, des chansons pleines de soleil et de promesse, à The Little Things, un titre un peu groovy qui s’inscrit presque dans une veine r&b, et à Tied Down, un morceau reggae enjoué, "Coco" compte parmi ces albums qui rendent tout simplement heureux de vivre. "You make me smile, please stay for a while," (tu me fais sourire, s’il te plait reste un peu) chante Colbie dans Bubbly. Disons que ça pourrait aussi être son mantra.
2007 aura été l’année de l’éclosion et l’ascension de Melle Caillat. Celle qui a d’abord été ‘découverte’ en tête du classement des artistes non signés sur MySpace, où sa musique a été écoutée plus de 23 millions de fois, a sorti un premier album en juillet dernier sur Universal Republic aux Etats-Unis, où il s’est immédiatement classé dans le Top 5 du classement des albums dans le Billboard. ’Coco’ est désormais certifié disque d’or outre-Atlantique (500 000 exemplaires vendus) et figure également dans le Top 10 en Allemagne et le Top 14 en Nouvelle Zélande.
Le premier single "Bubbly" a instantanément reçu un bon accueil sur les radios américaines et a été le premier titre d’une nouvelle artiste à figurer dans le classement numérique du Billboard – il est actuellement 14ème dans le Top 40 américain et 4ème du classement Adult Contemporary. "Bubbly" a également été bien reçu à l’échelle internationale, prenant la tête de l’airplay en Nouvelle Zélande et se classant à la 2ème place en Allemagne, à la 5ème en Suisse et à la 12ème en Autriche. En terme de ventes, "Bubbly" est déjà classé dans le Top 15 outre-Rhin et en Nouvelle Zélande.
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